Considérer les usages plutôt que les innovations, permet de porter une plus grande attention sur les technologies ordinaires et omniprésentes plutôt que sur les technologies à la mode. Ce regard sur les objets communs permet de constater que l'impact social des technologies les plus récentes est souvent moins important que celui des plus anciennes (Edgerton, 2013). Cette perspective montre que les technologies anciennes et nouvelles cohabitent, interagissent voir s'hybrident ce qui rejoint les travaux de Goody concernant les technologies de l'écrit (Chevalier & Mayor, 2008).
Adopter cette perspective pour examiner l'activité enseignante, nous fait porter un regard critique sur « les innovations pédagogiques » portés par le numérique et déduire qu'elles se fondent moins sur l'efficacité de fait des techniques nouvelles que sur des considérations d'ordre idéologique. En revanche, l'interprétation des discours de 47 enseignants de lycées généraux, technologiques et professionnels à propos de leurs usages de documents photocopiés, nous fait considérer leur production comme une hybridation entre technologies numériques et papiers dans le but d'adapter des contenus enseignés aux capacités de lecture et d'écritures des élèves.